Conspué sur sa
gauche par "l'esprit public" de Jacques Bompard,brocardé sur sa
droite par ses kapos historiques, Le Pen règle ses différends comme à
l'accoutumée: en fonçant dans le tas.
Ses propos
pseudos désinvoltes sur l'Occupation, son négationnisme larvé, ses calembours
douteux publiés dans Rivarol rentrent dans sa stratégie d'"exaspération
des troupes". Le Pen avait déjà compris avec Mégret et sa clique que le
meilleur moyen de parrer une fronde c'est de la provoquer lui-même afin
d'anticiper les manoeuvres de tel ou tel clan...Gollnish, Stirbois,Bompard ne
sont pas loins de tomber dans le piège.
Le Pen veut
resserrer ses rangs autour de lui, demeurer le lider maximo et se débarrasser
de toutes voix discordantes. Pourquoi?
Parce que
Jean-Marie Le Pen ne veut pas du pouvoir, son but n'est pas la sauvegarde de la
France (une France complètement idéalisée, fantasmée par la plupart des
cervelles romantiques nationalistes) mais de passer à la postérité, puisqu'il
est sûr qu'il sera réhabilité par l'Histoire.
Dès les
prémices de sa carrière (disons 1984) il a baissé les bras et s'est
tranquillement cantonné dans son rôle de "Goldstein" national, un
vilain ennemi, un vilain exutoire sur qui tout le monde pouvait cracher en
toute impunité, un totem tabou où les intellos beaufs de la gauche morale
pouvaient férocement se frotter la nouille.
Le Pen ,ce
golem qui s'est rivé lui-même à la place la plus confortable de l'échiquier
politique:l'opposition populiste qui fuit le pouvoir ; Le Pen,qui craint
tellement le peuple puisqu'il a toujours refusé de le servir, est venu 25 ans
durant cristalliser ses haines et ses dégoûts, permettant aux autres partis une
marge de mauvaise foi incroyable, puisque toute politique un peu originale ou "anti"
était perçue comme faisant "le jeu de Le Pen".
Evidemment le
borgne en a profité, les réformes qu'il propose sont les plus démagogues et les
moins réalisables, il lui est donc aisé de vomir ses collègues politiciens. Ses
collègues politiciens qui couvent le petit paon pour le jeter à la gueule de
l'adversaire tous ergots dehors.
Le Pen est un
gadget pratique. Il peut compter sur des bataillons de jeunes et de moins
jeunes dégoutés par la corruption, la lâcheté, l'angélisme et le politiquement
correct. Réactifs, désoeuvrés et idéalistes, Le Pen les a parfaitement
manipulés pour en faire sa base indéfectible de militants.
Le Pen est une
arnaque francaise, c'est un produit du Spectacle, il représente le subversif
intégré (lui qui s'en défend tant) , il est regrettable que le peuple
réel,qui est la richesse d'une nation et qui aspire au retour de la
"realpolitik", se soit fait flouer par ce profiteur cynique et
castrateur d'une révolte juste.
Alors oui, Le
Pen peut aller se faire foutre.