Les RG viennent d'incendier plusieurs bus en banlieue parisienne. Organisés en petits groupes très mobiles et forcément masqués, ces fonctionnaires consciencieux comptaient rallumer la flamme de l'insécurité en soufflant sur les braises des cités, des émeutes si bonnes pour tes sondages, Maître, tout ça à la faveur d'un anniversaire fictif dont les cailleras n'ont rien à branler. Tu les vois rallumer des nuits d'émeutes avec des gâteaux à une bougie achetés chez Leader Price, histoire de faire plaisir à Zizou ?
Maître Sarko (et pas Maître Zizou, qui a fort à faire avec la terrible rumeur
de la princesse-chanteuse Nâââdiya), tu concentres presque tous les pouvoirs,
il ne te manque plus que la confirmation électorale, c'est-à-dire les votes des
Français. Mais ces salauds de Français font chier. Ils rechignent à te filer
leurs voix, malgré les sondages trafiqués, qui sonnent comme des indications à
bien voter. Le bien-voter, un concept qui a de l'avenir.
En fait, tout se passe comme si on te laissait faire le sale boulot, pour te
jeter ensuite. Et c'est ce qui va se passer : tu es un bon ministre de
l'Intérieur (à part quelques stats trafiquées et la suppression de la police de
proximité), tu fais chier les cailleras qui nous font chier, c'est tout ce
qu'on te demande. Tabasser ces trous du cul qui nous cassent les couilles dans
les rues, écoles, cités et transports en commun, bref, un peu partout.
Toujours, toi le grand distributeur de baffes aux pauvres, tu as pris une
claque électorale quand il s'est agi de te présenter en ton nom au devant des
vrais Français, à savoir tout ce qui n'est pas grand bourgeois de Neuilly. Et
là, tes petites sorties télévisuelles ne suffisent plus.
Nous, on admire de loin ton énergie, tout en considérant ton agitation avec une
certaine pitié, car tu ne seras jamais président, même si les évènements
sociaux dégénèrent en guerre civile de banlieue. Tu es la grenouille qui ne
sera jamais aussi grosse que le bœuf, malgré les sondages qui te gonflent –et
qui nous gonflent- chaque jour. On espère que tu as la peau bien élastique.
Tu as beau être le candidat des vainqueurs de la guerre économique et le
chouchou de la caste supérieure des propagandistes officiels du régime (liste
sur demande contre un virement de 5€), tu ne pourras rien contre la volonté de
38 millions de votants, parmi lesquels tes 300 000 faux adorateurs-militants de
l'UMP font figure de goutte d'eau. A peine 1%. Que dalle.
La vraie question est : le peuple français te prendra-t-il en pitié, toi qui as
cru que serrer la main de Bush était un gage de crédibilité internationale et
que la destruction du Liban était justifiée, comme il a pris Chirac en pitié en
1994-1995 ? Les Français t'accorderont-ils de leur humanité ? Il faudra d'abord
que tu prennes une bonne droite. Ensuite, on verra. Avec la creuse Ségolène
comme présidente, ta traversée du désert ne devrait pas excéder deux ans.
En tout cas, on a l'air de t'enfoncer mais y en a un à qui on serait incapable
d'accorder le moindre gramme d'humanité, c'est le beau maire de Bordeaux,
l'affoleur de blondes de l'UMP. Revenant du Canada, Juppé passe dans toutes les
émissions alors qu'il n'a rien, mais alors rien à dire. On n'a jamais vu pire
langue de bois depuis les mensonges de Chirac lors du raout télévisé de 2001.
Chirac avait alors invité de très grands journalistes pour lui poser en
tremblant un tas de questions inutiles. Pourquoi on nous impose ce genre de
brouet ? Comment veux-tu qu'on s'intéresse à la politique telle qu'on nous la
sert avec ces mises en scène ? On la renvoie aux cuisines et on la balance dans
la gueule des serveurs…
PS : c'est pas la peine de nous envoyer un contrôle fiscal avec un petit mot
doux, on a tout payé ce qu'on doit aux impôts, aux Urssaf et à tous tes
mange-sous. Les écoutes, en revanche, on s'en branle total. Tes fonctionnaires
seraient mieux employés à remettre un peu d'ordre dans les cités chaudes. Dire
que tu payes 3000 branleurs pour surveiller la liberté d'expression, qui est
soi-disant garantie, quelle blague !
Bon allez, bonne chance à toi, ne te défonce pas trop (au boulot), évite les bavures, tu sais comme est la gauche, elle va te tomber dessus, et ne nous fais pas le plan de l'attentat juste avant les élections, personne n'y croirait. Même si c'est un vrai, avec des vrais morts et des vrais blessés et une vraie indignation de Claire Chazal, tu sais, l'employée modèle de ton pote Martin Bouygues.
Vendredi 24 Novembre 2006
Jean-Louis Débris
source : L’Organe