« Les
paroles s’envolent, les écrits restent… » (Le programme économique et social de
l’extrême-droite dans le texte)
« Je
crie vive la révolution
Je crie vive les institutions
Je crie vive les manifestations
Je crie vive la collaboration
Non jamais je ne conteste
Ni revendique ni ne proteste
Je ne sais faire qu'un seul geste
Celui de retourner ma veste, de retourner ma veste
Toujours du bon côté »
Jacques
Dutronc, « L’opportuniste »
Dans la mesure où
la crise économique entraîne une radicalisation des deux côtés de la barrière
de classe, elle a au moins ceci de positif qu’elle contribue à révéler le rôle
de l’extrême-droite en tant que force politique au service de la domination.
Ainsi, le 6 mai 2010, en Grèce, les
députés d’extrême-droite de l’Alerte Populaire Orthodoxe (ou LAOS) ont voté conjointement avec leurs
homologues sociaux-démocrates un « plan de rigueur » – véritable
déclaration de guerre aux travailleurs du pays… Et c’est tout naturellement que
des militants d’extrême-droite se sont rangés du côté des forces de l’ordre
(bourgeois) pour tenter de faire face à la colère populaire… C’est bien connu,
« quand on ne fait pas partie de la solution, on fait partie du
problème » : du côté d’Athènes, l’extrême-droite ne peut plus guère
cacher qu’elle « fait partie du problème ».
En revanche, en France – où les antagonismes de classes
ne s’expriment pas (encore) avec la même acuité – le FN, le MPF et autres
amicales de consanguins tentent encore de persuader le prolétariat que l’extrême-droite
« fait partie de la solution ». Pour ce faire, ils ont souvent
recours à la méthode éprouvée du double discours. D’un côté, une partie de la
propagande (surtout celle destinée à la masse des exploités, par le biais de la
télévision, de la radio, des grands quotidiens, des affiches, tracts ou
autocollants) des fafs comporte – outre
les habituelles éructations xénophobes – des dénonciations appuyées du
« mondialisme ultra-libéral », de la « mondialisation
sauvage », etc. De l’autre, lorsqu’ils s’adressent avant tout aux initiés
et/ou à leur électorat traditionnel – patrons, commerçants, artisans,
professions libérales[1]…
–, les fafs n’ont pas besoin de s’encombrer avec une rhétorique à tonalité
sociale voire carrément socialiste… L’extrême-droite révèle alors sans fausse
pudeur quels sont ses véritables objectifs économiques et sociaux[2] !
Pour notre plus grand bonheur, plusieurs partis
politiques bruns mettent à la disposition des internautes leurs professions de
foi respectives. Ces dernières confirment, s’il en était besoin, que le FN, le MPF et consorts sont des
défenseurs fanatiques de la minorité de parasites à qui profite le système
capitaliste. Une fois n’est pas coutume, nous reproduisons donc ici – à des
fins d’édification – des extraits des programmes de six partis d’extrême-droite
(FN, MNR, MPF, Renouveau Français, Parti Populiste, Parti National Radical)
dans les domaines économiques et sociaux. Les formules employées sont celles
trouvées sur les sites des partis précédemment cités[3] :
nous les avons copiées/collées telles quelles, nous limitant à les classer
selon huit thèmes auxquels elles se rapportent.
|
Salariés,
chômeurs… |
Retraites |
Patrons,
commerçants, artisans, agriculteurs… |
Fiscalité |
Éducation
et recherche |
Secteur
public (hors fonctions régaliennes) |
Flics,
matons, bidasses… |
Logement |
Front
National (FN) |
- Renégociation de la durée hebdomadaire
du temps de travail par branches d’activité - Permettre en
particulier de « gagner plus à ceux qui travaillent plus » - Encouragement à la
multiactivité par l’assouplissement ou la suppression des
règles de cumul activité salariée/activité non salariée, ou retraite/emploi
et même dans certains cas prestations sociales/emploi - Réformer le
traitement du chômage et le RMI, dans une logique qui favorise la reprise
d’une activité : transformer le revenu minimum d’insertion en revenu minimum
d’activité. D’une manière générale, les revenus d’activité seront favorisés
au détriment des revenus d’assistance |
- Le
développement de régimes de retraite complémentaire par capitalisation
ouverts à tous |
- Acteurs économiques et emploi :
libérer
au maximum l’entreprise des contraintes de toute nature qu’elle subit - Libérer le travail et
l’entreprise de l’étatisme, du fiscalisme et du réglementarisme - L’exonération en 5 ans des
entreprises agricoles de toutes charges fiscales et sociales |
-
Baisser la pression fiscale par une réforme d’envergure sur 5 ans (baisse de
l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur les sociétés, des droits de succession en ligne directe
et de l’impôt de solidarité sur la fortune) |
-
Suppression de 20 000 personnels administratifs et techniques -
Une plus large autonomie sera accordée dans le recrutement des professeurs -
Rendre plus systématiques les stages en entreprise -
Instituer des procédures d’évaluation et d’avancement des chercheurs du
secteur public au mérite - Programme
(sic) la suppression de certains postes non stratégiques dans la recherche
publique en sciences humaines (non-renouvellement de départs à la retraite,
par exemple) - Lutter contre
la politisation de l’Éducation nationale, en interdisant les manifestations
politiques d’étudiants ou d’enseignants organisées pendant les heures de
cours |
- Obtenir des
économies budgétaires en réorganisant la Fonction publique, par
l’introduction du principe de mobilité et le non-remplacement d’une partie des
départs en retraite - Garantie du
service minimum en cas de grève |
-
Un budget de la Défense augmenté de 10,8 milliards d’euros représent[ant] 2,6
% du PIB français |
-
Instaurer un système de garantie contre les impayés au profit des
propriétaires |
Mouvement
National Républicain (MNR) |
- Supprimer le
principe du temps de travail hebdomadaire de 35 heures en instaurant un
système souple permettant à ceux qui veulent travailler moins de le faire en gagnant
moins et à ceux qui veulent gagner plus d'y parvenir en travaillant plus - Supprimer le
monopole de l'ANPE afin d'améliorer l'efficacité du placement des chômeurs - Sanctionner
les faux chômeurs en cessant de verser des allocations à ceux qui refusent
trois fois de suite un emploi correspondant à leur profil -
Rendre effective la liberté du travail en faisant respecter les lois en
vigueur au bénéfice des employés non grévistes |
- Instaurer un
système de retraite par capitalisation permettant aux cotisants de se
constituer un capital qu'ils pourront percevoir sous forme de rente viagère à
leur retraite |
-
Limiter les charges fiscales et sociales pesant sur l'agriculture de façon à
rendre les exploitations plus viables - Rendre les
marchés financiers plus attractifs pour inciter les Français à investir
davantage dans les entreprises - Faciliter la
création et le développement des PME par des avantages fiscaux,
réglementaires et financiers - Développer la
compétitivité des entreprises et donc la création d'emplois par la
désétatisation de l'économie, l'allégement des charges et la limitation des
contraintes bureaucratiques |
- Diminuer les
taux de l'impôt sur les sociétés pour alléger les prélèvements sur les
entreprises - Abroger l'ISF
dont le rendement est très faible, qui pénalise une partie des classes
moyennes et provoque l'exode des gens fortunés - Faire passer
le taux des prélèvements obligatoires sous la barre des 40 % du PIB afin de
libérer la société du poids de l'étatisme |
-
Accorder aux universités une réelle autonomie - Mieux associer
l'entreprise à l'université pour améliorer la synergie entre le monde du
savoir et celui de l'économie - Adapter la
formation professionnelle aux besoins des employeurs par un développement très
important des études professionnelles en alternance |
-
Réduire les dépenses publiques en centrant l'État sur ses fonctions
régaliennes - Limiter les
frais de fonctionnement de l'Etat en ne remplaçant pas tous les fonctionnaires
qui partent à la retraite - Garantir la
liberté d'accès aux services publics en imposant aux salariés de déclarer à
l'avance leur intention de faire grève afin de permettre à la direction
d'organiser avec les non grévistes le service minimum indispensable - Réduire de 20%
le nombre des fonctionnaires en ne renouvelant qu'un départ à la retraite sur
deux - Achever la privatisation du secteur public marchand car l'État n'a pas à produire des biens ou des services susceptibles d'être vendus sur un marché -
Mettre en concurrence contrôlée les entreprises publiques de façon à
améliorer leur productivité par une saine et loyale émulation avec le secteur
privé |
-
Augmenter le budget de la Défense jusqu'à 3% du PIB afin de doter la France
d'une armée crédible indispensable pour assurer son indépendance et lui
permettre d'être respectée dans le monde -
Construire de nouvelles prisons car le manque de place ne doit plus servir
d'alibi au laxisme judiciaire - Augmenter les
effectifs de policiers de façon à assurer avec efficacité la dissuasion et la
répression des délinquants - Développer les
moyens de la police afin qu'elle puisse jouer son rôle dans les meilleures
conditions |
|
Mouvement
pour la France (MPF) |
- Stopper le versement
de l’allocation à ceux qui refusent deux fois de suite une offre qui
correspond à leur profil, leur formation et leur zone géographique - Supprimer le
monopole de l’ANPE en créant des agences pour l’emploi par branche d’activité
et en favorisant l’initiative privée - Encadrer
strictement le droit de grève, en le soumettant notamment à un vote à
bulletin secret |
- Libérer (sic)
l’âge de la retraite |
- Baisse
drastique de 50% des charges qui pèsent sur les PME-PMI - Exonérer de charges
sociales pendant deux ans toute entreprise nouvellement créée |
- Inscrire dans
la constitution le taux maximal des prélèvements obligatoires à 33% |
- Illustrer le
caractère concret des matières enseignées en confrontant les élèves de
collège et de lycée à la réalité économique par un cours trimestriel faisant
intervenir un artisan, un commerçant ou un petit entrepreneur - Promouvoir
l’apprentissage et les filières professionnelles en les développant en
fonction des besoins économiques - Réhabiliter le
travail manuel par un stage obligatoire d’un mois chez un artisan ou à
l’usine en classe de 3e |
- Instaurer un
service minimum dans les transports - Ne pas
renouveler un départ de fonctionnaire à la retraite sur deux |
- Créer
20 000 places de prison supplémentaires - Améliorer la
rémunération des surveillants d’établissements pénitentiaires - Augmenter le
budget de la défense de 5% |
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Renouveau
Français (RF) |
- Participation obligatoire
à des Travaux d'Intérêt Général pour les bénéficiaires des minima sociaux |
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- Aide
décentralisée aux PME |
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Parti Populiste |
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-
Abattre l’inquisition
fiscaliste |
- Encourager la formation et la
recherche tant dans le secteur privé que public, dans le sens des futurs
besoins économiques |
- Supprimer le droit de grève
dans les services publics |
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-
Défendre la propriété |
Parti
National Radical (PNR) |
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- Remett[re] les fonctionnaires et assimilés
au travail - Ramen[er]
leurs effectifs à un niveau plus décent |
|
- Les
habitations collectives, type HLM, archétype du système collectiviste
soviétique, doivent être proposées à la libre accession à la propriété à ses
locataires |
… Éloquent, non ?
Si uniquement six partis d’extrême-droite figurent dans
le tableau, c’est parce que les autres se montrent pour le moins discrets au
sujet de leurs objectifs économiques et sociaux :
- Les sous-fascistes
du Parti dit Anti-Sioniste (PAS), du Mouvement des Damnés de
l’Impérialisme (MDI) et du Parti Solidaire Français (PSF) font principalement
de l’agitation antisémite – qu’ils tentent parfois de maquiller en antisionisme
et en solidarité avec le peuple palestinien. Rien d’étonnant, donc, à ce que le
programme du PAS, la charte du MDI et le manifeste du PSF, disponibles sur
leurs vitrines web respectives, traitent surtout du « sionisme »…
- Du côté d’Alain Soral
et de son association politique Égalité & Réconciliation (E&R), les
questions économiques et sociales sont aussi laissées de côté dans la charte
– hormis une énigmatique référence à la « défense de la campagne, et ceux qui y
travaillent » et une dénonciation de « l’ultralibéralisme mondialisé ». Cette dénonciation est
très convenue car toutes les forces politiques – de l’extrême-gauche à
l’extrême-droite en passant par l’intégralité des partis de gouvernement – se
sont approprié cette rhétorique prenant pour cible le
« libéralisme », « l’ultralibéralisme » ou telle ou telle
variante du capitalisme (le « capitalisme financier », le
« capitalisme spéculatif », l’ « hypercapitalisme »…)
mais ne disant rien de l’État et de la société de classe en eux-mêmes (et pour
cause, puisqu’ils en sont de fervents appuis !)[4].
- Utilisant cette même
astuce, les nazillons du Bloc Identitaire (BI) affirment, dans leur plaquette
de présentation, vouloir lutter contre les « excès
du libéralisme ». De plus, pour tenter de faire croire qu’ils sont
dans le camp des exploités, les identitaires s’aventurent occasionnellement
dans des manifestations « de gauche » pour y diffuser des tracts dont
le contenu ne laisse à première vue rien transparaître de leur appartenance à l’extrême-droite.
Les militants identitaires ont beau jeu, ensuite, de présenter leur
participation à ces manifestations comme une
« « « preuve » »» de la popularité de leurs
idées[5].
En réalité, les moins crétins (c’est très relatif…) de ces fafs savent bien que
leur infiltration/récupération de diverses luttes populaires n’est un succès
que dans l’exacte mesure où ils passent sous silence leur appartenance à
l’extrême-droite. A cet égard, le commentaire désabusé d’un identitaire
concernant le fiasco du « 1er
mai social et identitaire » organisé par le BI cette année est
révélateur : « Il
faudra […] déposer une autre [déclaration de manifestation] plus discrètement et hors contexte social mobilisateur comme
le 1er Mai je pense. Moins de chance de se faire mettre la pression. Ou bien se pointer en nombre à une manif
ouverte comme nous lors d'une manif pour la langue occitane de 30 000
personnes. Après faut s'accrocher pour
pas se faire virer! » On l’aura compris :
l’extrême-droite n’hésite pas à s’essayer à l’art du camouflage ! Il est
une autre ficelle politique que les fafs savent manier avec virtuosité :
le retournement de veste. Un phénomène que nous illustrerons en prenant pour
exemple le positionnement du Front National sur la question des retraites.
Le 20 mai 2010 encore, le retour à 65 ans de
l’âge légal de la retraite faisait officiellement partie du programme du Front
National. Cette revendication pro-patronale figurait en toutes lettres dans la
partie du programme du FN consacrée aux retraites, comme le montre la
capture d’écran ci-dessous :
Dans un texte lui aussi paru en mai et intitulé « Comment le FN veut s’en prendre
à nos retraites », Vigilance et
Initiatives Syndicales Antifascistes notait d’ailleurs que le FN proposait « l’harmonisation par le bas du
système »… Un constat indéniable, et un point du programme du FN qui
pourrait s’avérer encombrant pour le parti d’extrême-droite alors même que
commencent grèves et manifestations contre une nouvelle contre-réforme des
retraites. En effet, cette contre-réforme prévoit de fixer à 62 ans
« seulement » l’âge légal de la retraite. Le FN risque donc de se
« griller » encore un peu plus auprès des salariés dont il cherche à
obtenir les suffrages si, non content de soutenir cette régression sociale, il
surenchérit en affirmant vouloir repousser l’âge légal de la retraite au-delà
des 62 ans prônés par l’UMP… D’où une toute nouvelle version du programme du
parti frontiste sur les retraites :
Le FN reproche désormais à l’UMP
d’ « imposer » un report de l’âge de départ à la retraite. Un
revirement opportun, qui évite au Front National d’apparaître trop nettement
comme un dévoué laquais du patronat. Un revirement opportuniste, également, car
le parti d’extrême-droite prétend
s’opposer à la clique de Sarkozy qui veut repousser de deux ans l’âge de départ
à la retraite alors que le FN demandait il y a encore un mois – et depuis
longtemps – à ce qu’il soit reculé de cinq ans ! Le parti de Jean-Marie Le Pen se paye même le
luxe de critiquer une UMP qui « improvise
aujourd’hui totalement son positionnement »… Comme si, avec son
soudain retournement de veste sur ce sujet, le FN n’avait pas lui aussi agi
dans l’improvisation la plus totale ! Ce qu’indique notamment le fait
qu’il est toujours possible (au 20 juin 2010) de consulter sur le site du FN[6]
le programme du parti pour les dernières élections présidentielles – programme
dans lequel figure le retour à 65 ans de l’âge légal de la retraite[7].
Marine
Le Pen déclarait le 14 juin :
« En choisissant de repousser l’âge légal de départ à la retraite, le
gouvernement a tout récemment confirmé sa soumission aux dogmes défendus par le
Medef et la Commission européenne.
[...] Alors que faut-il faire ? Faut-il suivre les propositions du Parti
Socialiste ? Certainement pas. D’abord parce qu’au PS c’est le flou qui règne.
Un jour, Martine Aubry veut repousser l’âge légal à 62 ans, le lendemain elle
est contre. Dominique Strauss-Kahn lui défend
comme d’habitude les solutions les plus
anti-sociales, celles du FMI. »[8] Par
trop timide, Marine Le Pen n’a pas osé appliquer son analyse ô combien
pertinente à son propre parti. Faisons-le pour elle : en prônant le retour
à 65 ans de l’âge de la retraite, le FN a démontré sa
« soumission » au MEDEF et à la Commission Européenne et soutenu
« les solutions les plus anti-sociales, celles du FMI ». Il n’y a
aucune raison de croire qu’une subite « révélation » a frappé le
millionnaire Le Pen et l’a convaincu du caractère inacceptable du report de
l’âge légal de départ en retraite. Plus vraisemblablement, le FN n’a
strictement rien renié de ses traditionnelles convictions pro-patronales, mais
il espère tirer profit de l’hostilité massive à la contre-réforme des retraites
en assurant y être opposé – étant entendu que les promesses des hommes
politiques n’engagent que ceux qui y croient… Quant à ceux – de plus en plus nombreux
– qui n’y croient plus, il leur faut reprendre le chemin de l’affrontement
classe contre classe, le seul à même de sortir l’humanité de l’impasse
capitaliste.
[1] Au premier tour
des élections présidentielles de 2002, 22% des patrons, commerçants et artisans
ont voté pour Jean-Marie Le Pen, le pourcentage est le même chez les
agriculteurs, il atteint 26% chez les professions libérales (cf. COLLOVALD Annie, Le « populisme du FN », un
dangereux contresens, Éditions du Croquant, Bellecombe-en-Bauges, 2004, p.
164-165) et 44% chez les policiers et militaires (cf. ROUBAN Luc, La fonction
publique, La Découverte, Paris, 2009, p. 73).
[2] Cf. TROTSKY
Léon (« Qu’est-ce que le national-socialisme ? ») : « Dans le domaine de l'économie
contemporaine, internationale par ses liens, impersonnelle dans ses méthodes,
le principe de race semble sorti d'un cimetière moyenâgeux. Les nazis font par
avance des concessions : la pureté de la
race qui se contente d'un passeport dans le royaume de l'esprit, doit surtout prouver son savoir-faire dans
le domaine économique. Cela signifie
dans les conditions actuelles : être compétitif. Par la porte de derrière le racisme revient au libéralisme
économique, débarrassé des libertés politiques. Pratiquement, le
nationalisme en économie se réduit à des explosions d'antisémitisme
impuissantes, malgré toute leur brutalité. »
[3] Cf. la rubrique « Programme »
sur les sites internet du FN, du MNR, du Parti Populiste et du Parti National
Radical, la rubrique « Le projet politique » sur le site du MPF et la
rubrique « Doctrine & études » sur le site du Renouveau Français.
[4] Cf. SEMPRUN Jaime, L’abîme se repeuple, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances,
Paris, 1997, p. 79 à 81 : « Ces
dénonciations moralisantes de l’horreur économique s’adressent en premier lieu
aux employés menacés par l’accélération de la modernisation, à cette classe
moyenne salariée qui s’était rêvée bourgeoise et se réveille prolétarisée (et
même lumpenprolétarisée). Mais ses peurs et sa fausse conscience sont partagées
par tous ceux qui ont quelque chose à perdre au dépérissement de l’ancien Etat
national qu’organisent les pouvoirs qui contrôlent le marché mondial :
travailleurs des secteurs industriels jusque-là protégés, employés des services
publics, gestionnaires divers du système de garanties sociales maintenant mis à
la casse. Tous ceux-là forment la masse de manœuvre d’une espèce de front
national-étatique, un informel « parti de Décembre » où une sauce
idéologique anti-mondialiste lierait toutes sortes de rebuts politiques
avariés : républicains à la mode Chevènement-Séguin-Pasqua, débris
staliniens, écologistes socialisants, gaucho-humanitaires en panne de
militantisme et même néo-fascistes en mal de ‘’projet social’’. Ce parti de la
stabilisation n’a une vague apparence d’exister que pour fournir un exutoire
aux récriminations contre les excès des partisans de l’accélération : il a
pour raison d’être une protestation sans
effet, et qui se sait elle-même vaincue d’avance, n’ayant rien à opposer à la modernisation technique et sociale selon les exigences de l’économie
unifiée. […] Une telle représentation des
mécontentements sert surtout à intégrer la protestation dans des pseudo-luttes
où l’on se garde toujours de parler de l’essentiel et où l’on revendique les conditions
capitalistes de la période précédente, que la propagande
désigne sous le nom d’Etat-providence ; elle ne pourrait prendre quelque
consistance, comme relève politique, qu’à l’occasion de troubles graves, mais
ce serait alors pour étaler son impuissance à restaurer quoi que ce soit. »
[5] Si quelques
anarchistes avaient l’idée (absurde) de copier les pratiques politiques
contorsionnistes des identitaires, il leur serait tout à fait possible de
« « « prouver » » » que les idées libertaires ont
la côte chez les militants d’extrême-droite en allant diffuser des tracts
xénophobes au 1er mai du Front National !
[7] Cf. la page 17 du programme.
[8] http://www.frontnational.com/?p=5201
Annexe :
- Daniel Guérin, La
démagogie fasciste, extrait de Fascisme et grand capital (1936), réédition Syllepses et Phénix,
Paris, 1999
- Léon Trotsky, Qu’est-ce
que le national-socialisme ? (1933)