« A quoi servaient-elles, les marottes
d'antiracisme et d'anti-antisémitisme brandies par les bouffons de la gauche ?
En dernière analyse, à étouffer les cris de nègres et de Juifs tourmentés que
poussaient tous ceux qui n'étaient ni nègres ni Juifs, à commencer par les
Juifs et les nègres eux-mêmes ! Je ne songe évidemment pas à mettre en cause la
part de généreuse liberté qui a pu animer les sentiments antiracistes dans le
cours d'une époque assez récente encore. Mais le passé m'indiffère dès
l'instant où je ne le choisis pas. Je parle aujourd'hui, et personne, au nom de
l'Alabama ou de l'Afrique du Sud, au nom d'une exploitation spectaculaire, ne
me convaincra d'oublier que l'épicentre de tels troubles se situe en moi et en
chaque être humilié, bafoué par tous les égards d'une société soucieuse d'appeler ‘policé’ ce que l'évidence des
faits s'obstine à traduire policier.»
Raoul Vaneigem, Traité de
savoir-vivre à l’usage des jeunes générations
« Le Bien a toujours eu besoin
du Mal, mais aujourd’hui plus que jamais. Le faux Bien a besoin
d’épouvantails ; moins pour les liquider, d’ailleurs, que pour anéantir, à
travers eux ou au-delà d’eux, ce qu’il pourrait rester encore, de par le monde,
d’irrégularités inquiétantes, d’exceptions, de bizarreries insupportables,
enfin les vrais dangers qui le menacent, quoique l’on n’en parle jamais. »
Philippe Muray, L’Empire du Bien
« Rien ne sera plus jamais comme avant » répètaient, dans une touchante unanimité, les journalistes après le
21 avril 2002 et la présence de Le Pen au second tour des élections
présidentielles. Pourtant, trois ans après, rien n’a changé en France : la droite est à droite, la gauche aussi, mais surtout,
l’antifascisme de bazar fait toujours recette. A vrai dire, cet antifascisme
sans fascisme – ou, du moins, là où il ne se trouve pas – occupe une place très
importante [1] dans les discours des hommes politiques et des journalistes, et
ceci est particulièrement vrai à « gauche ».
L’ « antifascisme » de « gauche »
n’a évidemment pas pour but de lutter réellement contre le
fascisme : il sert en fait de substitut à un socialisme renié depuis très
longtemps. Grâce à cet
« antifascisme », l’intelligentsia qui s’est autoproclamée « de
gauche » (parce que ça fait chic) ,
avec le manichéisme qui la caractérise, croit tenir une preuve qu’elle est
vraiment de gauche : elle n’aime pas les fachos ! Cet
« antifascisme » n’étant qu’un alibi, les raisonnements de ceux qui
s’en réclament sont d’une extrême sottise.
Peu
importe ce que dit ou fait l’extrême-droite, l’essentiel est de prendre un air
indigné à intervalles réguliers.
Ainsi, lorsqu’un élu FN veut se rendre à une cérémonie à la
mémoire des victimes de la barbarie nazie, les « antifascistes » l’en
empêchent… mais lorsque Le Pen considère que l’Occupation n’a pas été
« particulièrement inhumaine », les « antifascistes » s’en
indignent. Les « antifascistes » souhaitent donc que les membres du
FN aient la même position que le reste de la classe politique sur ce qu’a été
l’Occupation, mais soient, en revanche, soumis à un régime d’exception lorsqu’il
s’agit de rendre hommage à ceux qui ont payé cette occupation de leur vie [2].
La cohérence n’est certes pas au rendez-vous.
De plus, n’allez pas vous imaginer que, si Le Pen a tout le
temps tort quand il s’exprime, les antifascistes de salon sont heureux lorsqu’il
se tait. Même les silences de Le Pen sont coupables. Dans ce registre, Bernard-Henri Lévy , une des
figures marquantes de l’antifascisme de bazar, s’est plaint, après le 11
septembre 2001, que Le Pen ait choisit de rester relativement discret sur les
actes terroristes ayant frappé les Etats-Unis d’Amérique. Pourtant, à n’en pas
douter, des condamnations répétées de ces attentats par Le Pen auraient été
interprétées par la meute « antifasciste » comme une tentative
frontiste de «surfer sur la vague d’islamophobie» et de récupérer l’émotion
consécutive aux attentats à des fins purement électorales. Cherchez l’erreur…
S’il fallait encore se convaincre que l’antifascisme de la
gauche bourgeoise…n’en est pas un, nous nous bornerions à ce simple constat : toute
personne qui cherche sérieusement à comprendre comment le FN est devenu en si
peu de temps une des principales forces politiques françaises est immédiatement
accusée par les antifascistes de salon de vouloir justifier le vote FN et
donc d’être elle-même plus ou moins fasciste. Peut-on décemment
prétendre lutter contre un phénomène si on se refuse à en chercher les
causes ? Evidemment non mais, le FN étant une création du Parti Socialiste
[3] , on comprend facilement pourquoi la gauche
bourgeoise s’en prend à tous ceux qui s’interrogent sur les raisons de
l’ascension fulgurante de Le Pen. La seule explication admise est celle de
l’escroc Bernard Tapie (l’électeur du Front national est un salaud) et il
est hors de question d’aller en chercher d’autres ailleurs, dans des ouvrages
marxistes [4] par exemple. Dans ces derniers, les sociaux-démocrates
risqueraient notamment de lire que la montée du fascisme est « l’expression
de la grave crise sociale du capitalisme de l’âge mûr » (Ernest Mandel) . Et puisque les partis de la gauche gouvernementale
souhaitent moins que tout au monde s’attaquer au Capital, l’explication
marxiste du fascisme n’a pas droit de cité.
L’argument massue de l’antifascisme spectaculaire c’est que
l’extrême-droite n’est pas démocrate. Cet argument est fort peu
contestable ; toutefois, les antifascistes de salon gagneraient à en
trouver d’autres car eux-mêmes ne sont pas de fervents démocrates.
Ainsi, lorsqu’un quelconque Houellebecq sort un livre jugé politiquement (islamiquement ?) incorrect, on trouve facilement des intellectuels de «gauche » pour se prononcer en faveur de l’interdiction du livre et/ou de la condamnation de l’écrivain, ceci au nom de la lutte contre le racisme – bien entendu.
De même, personne ne proteste lorsque la justice condamne le Quid pour avoir rapporté les estimations du bilan des génocides juif et arménien selon des négationnistes [5]. L’antifascisme institutionnel prend donc une ampleur telle aujourd’hui que le simple fait de mentionner l’existence de négationnistes est condamnable.
André Labarrère, maire de Pau, a déclaré à propos de l’éventuelle tenue d’une université du FN dans sa ville : « Il n’est pas possible d’accueillir le FN après ce qui s’est passé le 21 avril.[6]» « Ce qui s’est passé le 21 avril » étant, rappelons-le, non pas un coup d’Etat nazi, mais le premier tour d’une élection présidentielle se déroulant de manière démocratique [7] .
La social-démocrate Marie-Ségolène Royal estimait, elle, le 25 avril 2002, qu’ « il faudrait absolument limiter le temps de parole de Jean-Marie Le Pen » - proposition idiote s’il en est . Le sieur Hollande a boycotté, à la fin du mois de juin 2005, une « invitation » à Matignon pour la seule raison que le FN était aussi au nombre des invités, ce qui contribuerait, selon le dirigeant social-démocrate, à banaliser l’extrême-droite. Hollande n’a cependant jamais affirmé qu’il voyait dans l’invitation de Marie-Georges Buffet à Matignon une tentative de « banaliser » le stalinisme. Le « deux poids deux mesures » est de rigueur...
Lorsqu’en juillet 2002, la justice casse l’élection
de Catherine Mégret à la mairie de Vitrolles, les adeptes de l’antifascisme
spectaculaire y voient la preuve que C. Mégret n’est pas « démocrate »…
pourtant, lorsqu’en 1996, les élections municipales qui avaient vu la victoire
à Vitrolles du social-démocrate Jean-Jacques Anglade
avaient été cassées, ces
« antifascistes » en avaient simplement conclu que la justice était
du côté des nazis (en une demi-douzaine d’années, la justice serait donc passée
du nazisme à
De même, à « gauche », ils sont nombreux ceux qui, au début des années 1990, s’étaient prononcés pour l’interruption des élections en Algérie, au motif que les islamistes allaient les remporter. L’antifascisme spectaculaire considère donc que sa conception de la démocratie est compatible avec une interruption du processus électoral quand ce ne sont pas les « bons » qui gagnent. Notons que Le Pen était alors de ceux qui souhaitaient que les élections soient menées à leur terme [8]…
« Les fausses luttes spectaculaires des
formes rivales du pouvoir séparé sont en même temps réelles, en ce qu'elles
traduisent le développement inégal et conflictuel du système, les intérêts
relativement contradictoires des classes ou des subdivisions de classes qui
reconnaissent le système, et définissent leur propre participation dans son
pouvoir. De même que le développement de l'économie la plus avancée est
l'affrontement de certaines priorités contre d'autres, la gestion totalitaire
de l'économie par une bureaucratie d'Etat, et la condition des pays qui se sont
trouvés placés dans la sphère de la colonisation ou de la semi-colonisation,
sont définies par des particularités considérables dans les modalités de la
production et du pouvoir. Ces diverses oppositions peuvent se donner, dans le
spectacle, selon les critères tout différents, comme des formes de société
absolument distinctes. Mais selon leur réalité effective de secteurs particuliers,
la vérité de leur particularité réside dans le système universel qui les
contient : dans le mouvement unique qui a fait de la planète son champ, le
capitalisme. »
Guy Debord,
Il arrive parfois que l’extrême-droite française ne fasse pas parler d’elle, ce qui pose problème à des pans entiers de la « gauche » ne sachant se définir qu’en opposition au « fascisme ». Dans de telles circonstances, l’antifasciste de salon est contraint de trouver d’autres épouvantails.
Il peut, par exemple, aller les chercher à l’étranger, ce sera alors l’occasion de s’intéresser à l’extrême-droite autrichienne, allemande, belge ou paraguayenne. Il peut aussi aller les chercher dans le passé, en rappelant que telle ou telle personne, morte depuis des décennies, était « raciste » ou « fasciste » (on ne dira jamais assez de mal de l’affreux Céline et du grand méchant Heidegger !). Il peut aussi…les inventer, en décelant des traces de nazisme « objectif » , de xénophobie « latente » et autre racisme « inconscient » chez tout individu qui se serait écarté de la ligne du Parti (socialiste) – fut-ce ponctuellement.
A cet égard,
les débats autour du TCE fournissent une excellente illustration. Hollande a
bien sûr évoqué le désormais traditionnel retour-de-la-peste-brune, affirmant
notamment : «Nous ne
sommes pas très loin de la rhétorique avec laquelle d'autres ont joué avec
l'insécurité dans la campagne présidentielle de 2002». Jack Lang est allé
plus loin, affirmant : «Moi, je ne mets pas dans l'urne le même bulletin [que le
président du Front national.] […] Si M.
Le Pen vote 'non', moi je vote 'oui', pour moi, c'est un
critère. […] Même si le PS est en 'décalage', cette considération me
donnera la satisfaction d'avoir accompli mon devoir et d'être en conformité
avec ma conscience. Cela compte aussi». Et d’ajouter dans un souci de clarté qu’il va « tout
faire dans les jours qui viennent pour qu'il [Le Pen] soit battu. » Le
message est donc clair : voter non c’est obligatoirement souhaiter
l’arrivée au pouvoir des nostalgiques du IIIè Reich
[9].
La « gauche antifasciste » tire un grand nombre d’avantages de l’existence du FN [10], avantages qu’il n’est pas inutile de rappeler.
Au nombre de ceux-çi, on trouve évidemment le fait de pouvoir proposer à la jeunesse, avec la lutte contre le FN, un combat facile [11] mais néanmoins attrayant (le jeune peut, grâce à son combat, se prendre pour un Résistant, ce qui est certes glorifiant). Et cette prétendue rébellion qu’est l’antifascisme spectaculaire est encouragée avec d’autant plus d’enthousiasme qu’elle ne remet aucunement en cause le capitalisme. En outre, les concepts mis en avant par les « antifascistes » (promotion et renforcement des identités culturelles, droit à la différence, lutte contre l’islamophobie) se révèlent d’une utilité appréciable lorsqu’il s’agit d’accroître le communautarisme, pour empêcher toute union des exploités.
De plus, le vote Le Pen étant considéré comme celui de l’ouvrier [12], l’ « antifascisme » permet à la gauche bourgeoise d’étaler sa haine de classe et d’inculquer cette haine à la jeunesse. Le 21 avril 2002 fut une excellente occasion pour cette « gauche » là de vomir à pleine gorge cette « France moisie » (la délicate expression est de Philippe Sollers) , frileuse et ingrate qui aurait commis le crime de ne pas voter Jospin… Si le PS a renoncé aux voix des ouvriers [13] pour se focaliser sur celles des classes moyennes, il n’oublie jamais d’accuser de « populisme » les partis ou hommes politiques qui refuseraient d’en faire autant. A cet égard, Jean-Claude Michea remarquait que « ce qui, depuis 1984, est officiellement diabolisé par les medias sous le nom de populisme (en étant, pour les besoins de la cause, cyniquement amalgamé à deux ou trois thèses d’origine authentiquement fasciste) , c’est pour l’essentiel, l’ensemble des principes qui, en 1968 et dans les années suivantes, avaient guidé les classes populaires dans leurs différents combats, pour refuser, par avance, les effets qu’elles savaient (ou pressentaient) destructeurs de la modernisation capitaliste de leur vie» (L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes) .
Les
« antifascistes » ont également su tirer profit de la
disqualification totale du terme « nation [française]» - terme qu’il
est préférable de ne jamais prononcer si l’on ne souhaite pas être classé ad
vitam aeternam dans la catégorie des «fachos» [14]. En réduisant l’histoire
de
Plus généralement, l’antifascisme spectaculaire est une arme redoutable pour tuer tout esprit critique : la gauche qui se dit « vigilante » n’hésitera jamais à accuser de fascisme quiconque s’écarterait du Consensus, y compris dans ses propres rangs [15]. La jeunesse qui a été élevée à cette école (celle de SOS Racisme et de sa célèbre lutte « contre le racisme, l’intolérance et toutes les formes d’exclusion ») a parfaitement intériorisé un principe qui pourrait être énoncé comme suit : lorsqu’une opinion s’écarte du conformisme ambiant, ne tente surtout pas, par la réflexion, de la comprendre puis la réfuter ou la faire tienne, mais accuse plutôt celui qui l’émet d’être un « facho». Alain Finkielkraut a résumé ceci de manière assez juste lorsqu’il écrivit que, naguère «l ‘esprit défendait ses droits contre l’apologie fasciste de la force brute ; aujourd’hui il est empêché de le faire, au nom de l’antifascisme » (La défaite de la pensée).
La gauche aux ordres du Capital a trouvé, avec l’antifascisme, LA cause qui, tout en étant on ne peut plus consensuelle, permet de servir les intérêts de la bourgeoisie. Cet « antifascisme » dévoyé est d’autant plus dangereux qu’il prend les allures d’un truisme pour quiconque se dit de gauche : comment pourrait-on ne pas être contre le fascisme ? De surcroît, la « gauche » bourgeoise prend un malin plaisir à faire l’amalgame entre ceux qui déplorent l’institution de l’antifascisme en rempart du Capital et les fascistes…
Depuis maintenant plus de deux décennies, la prétendue « gauche » applique sans coup férir les même méthodes « antifascistes ». Si l’on en juge par les résultats électoraux du FN, ces méthodes sont inopérantes ; mais puisque l’objectif affiché (la lutte contre le fascisme) n’est qu’un prétexte mis au service de tous autres intérêts, il n’y a évidemment aucune remise en cause à attendre des « vigilants ». Avec le cynisme qui les caractérise, ces « antifascistes », tout en apprenant aux jeunes qu’ils doivent avoir « honte d’être français » [16], soutiennent plus ou moins subrepticement tout chauvinisme susceptible de diviser les exploités. Chez les hommes politiques, cela prend la forme d’une attitude bienveillante envers les micro-régionalismes, corse et breton notamment. Chez les radios jeunes, Skyrock [17] surtout, cela passe par la diffusion de morceaux dans lesquels l’ « artiste » met sans cesse en avant sa religion, son numéro de département (le « 9-3 »), son « tiéquar » ou sa « téci ».
Elles furent nombreuses, à « gauche », les plumes prostituées qui virent dans l’accession de Berlusconi au pouvoir en Italie (en 1994, la première fois) le retour du « fascisme ». Avec le temps, elles durent se faire plus discrètes car, si le bilan de Berlusconi était tout sauf mirifique, les politiques qu’il menait (capitalistes néolibérales) ressemblaient en fait assez à celles d’un quelconque homme politique de « gauche » européen, un Blair ou un Schröder par exemple. Par crainte de s’entendre dire qu’il y avait au moins autant de points communs entre les gauches gouvernementales européennes et Berlusconi qu’entre celui-ci et Mussolini, les « antifascistes » mirent en sourdine la thématique du retour-de-la-peste-brune-en-Italie. De cet épisode, un parmi tant d’autres illustrant l’extrême fatuité de l’antifascisme spectaculaire, d’aucuns concluraient que, par un mystérieux hasard, « à mort l’intelligence » – ce cri de guerre obscurantiste des fascistes – a désormais des adeptes parmi les adversaires déclarés de ces derniers…
[1] D’ailleurs, le sujet nécessiterait toujours de nombreuses
réactualisations, les accusations, « affaires » et calomnies se
succédant sans cesse.
[2] Certains membres de partis d’extrême-droite ayant pris part à
[3] Rappelons que, sous Mitterrand, des pressions furent exercées
sur les medias du service public pour qu’ils accordent plus de temps de parole
à Le Pen ; Mitterrand a également opté pour la proportionnelle lors des
législatives de 1986, dans le but de mettre la droite en difficulté en faisant
entrer massivement les députés FN à l’Assemblée nationale.
[4] Lire notamment le recueil de textes de Léon Trotsky sur le fascisme allemand, publié sous le
titre Comment vaincre le fascisme ?
[5] Il va de soi que le Quid rappelle également les
véritables bilans du judéocide nazi et du génocide
arménien.
[6] L’argument de Labarrère a fait dire à Elisabeth Levy qu’aux
yeux des « antifascistes », « le fait de séduire un nombre
croissant d’électeurs [rend] le parti lepéniste encore plus
infréquentable » (Les Maîtres Censeurs).
[7] « Démocratique » dans le sens où les règles
« classiques » de la démocratie parlementaire (règles auxquelles les
sociaux-démocrates se soumettent ) ont été respectées ; mais la démocratie
parlementaire a de trop évidents fondements aristocratiques pour pouvoir être
considérée, d’un point de vue réellement à gauche, comme le régime
parfait.
[8] Non sans arrière pensée toutefois car, outre sa proximité
idéologique avec les fascistes verts, il espérait que l’arrivée au pouvoir de
ces derniers entrainerait un exode massif d’Algériens vers
[9] Ne concentrons pas toutes nos critiques sur la fausse
gauche : après tout, la vraie droite aussi, sait utiliser les pires
amalgames culpabilisateurs (par volonté d’imiter la
« gauche » ?) quand l’heure est grave ; rappelons notamment
cette déclaration de J.-M.Cavada (UDF) : « Ceux qui font la fine bouche devant
[10] Même si elle a connu un désagrément le 21 avril 2002 lorsque,
dans les urnes, la créature a devancé le créateur.
[11] Dans la mesure où la rhétorique des
« antifascistes » tourne autour d’expressions comme « éviter le
pire », le simple fait que Le Pen n’arrive jamais au pouvoir est considéré
par eux comme un succès ; ayons en mémoire le leitmotiv des
« antifascistes » après le 21 avril 2002 : «faire barrage à
l’extrême-droite»… quelle réussite ! Point de Le Pen à l’Elysée, certes,
mais un blanc-seing généreusement offert à Chirac par tout ce que
[12] Partiellement à tort car, suivant le constat effectué par les
rares à avoir vraiment
analysé les résultats du premier tour des dernières élections
présidentielles : « …Jean-Marie Le Pen a perdu plus de 20 000 voix
par rapport à 1995 dans le département le plus ouvrier de la région parisienne,
[13] C’est d’ailleurs le choix qu’ont fait les centre-gauche de
toute l’UE, avec pour conséquence une montée des taux d’abstention (ainsi qu’on
a encore pu le constater lors de la récente victoire électorale du travailliste
Tony Blair).
[14] Dans son essai précité, Jean-Claude Michéa
illustre parfaitement cette évolution des mentalités par le constat
suivant : « il y a bien peu de chance que le mot d’ordre ‘volem viure al pais’, qui fut,
comme on l’a peut être oublié, l’étendard des paysans du Larzac, soit désormais
perçu par un jeune téléspecteur autrement que
comme un appel ‘poujadiste’ à rejoindre la bête immonde.»
[15] Que l’on pense par exemple aux fameux
« rouges-bruns » que le stalinien Didier Daeninckx
pensait avoir démasqués et parmis lesquels on
trouvait Gilles Perrault (lui-même un
« vigilant ») ou aux accusations de fascisme portées contre Henri
Emmanuelli (alors que lui-même était jusque là à l’avant-garde de la meute
« antifasciste », souhaitant notamment l’interdiction du FN !),
« coupable » de s’être prononcé contre le TCE.
[16] « Honte d’être français » est un slogan qui revint
souvent dans les manifestations « antifascistes » qui suivirent le
premier tour des dernières élections présidentielles ; c’est également
dans cette optique qu’il est de bon ton de nier que le ressort principal des
ratonnades de lycéens par des racailles lors des manifestations contre la loi
Fillon ait été le racisme anti-blanc ; ainsi selon l’UNEF, « il
est faux d’affirmer que les violences [contre les lycéens] aient eu d’abord un
caractère raciste… Au contraire, elles sont avant tout le reflet du malaise
social » ; quant au social-traître Julien Dray, il affirme qu’il « ne
voudrait pas que la jeunesse, antiraciste par tradition, commence à raconter
tout et n’importe quoi (sic)».
[17] Cette radio (de « gauche », cela va de soi)
ose se présenter comme contestataire (parce que Difool
et son équipe prononcent les mots « bite », « couilles »,
« caca », « cul » toutes les 5 secondes ? parce
qu’elle a appelé à voter Chirac après le 21 avril 2002 ? Mystère…) alors
même qu’elle recycle les rengaines de Le Pen pour attirer de nouveaux auditeurs
(« On nous bâillonne ! On nous censure ! La liberté
d’expression est bafouée !»).
Annexes :
Autres textes sur
l’ « antifascisme » :
- Le Pen, une arnaque française
- Antifascisme/fascisme
(Fabrice Trochet)
- L’antifascisme
ne passera pas (Elisabeth Lévy)